Le G20 est déjà loin. Il n’y a manifestement pas de «gouvernement du monde». Ce qui émerge subrepticement, irrésistiblement, c’est tout autre chose : un Etat-monde. On y retrouve les trois conditions d’un Etat : un territoire - la planète -, une loi - celle du néolibéralisme -, une population - l’humanité. Comme dans l’Etat-nation on a «la nation», dans l’Etat-monde on a «le monde» : la communauté humaine. L’Etat-monde ne remplace pas le Système-monde des nations. Ils s’enlacent l’un à l’autre. De perverse façon.
L’Etat-monde se manifeste dans ses institutions publiques - ONU, FMI, Banque mondiale, etc. - dites internationales, mais tout autant mondiales, imposant aux Etats des règles universelles, inégalement appliquées selon les rapports de force. L’OMC est couronnée par un organe de règlement des différends qui détient le privilège étatique de trancher en dernière instance.
L’autre volet, occulte, est celui des institutions privées de l’Etat-monde. Agences «techniques» qui définissent dans chaque branche un droit commercial valant pour tous, vraie loi commune. Tribunaux d’arbitrage, qui court-circuitent les pouvoirs nationaux. Bourses globales. Agences de notation, etc. Non pas «moins d’Etat», mais une puissance d’Etat : celle d’une classe financière mondiale dirigeante.
L’Etat-monde se lit dans un «droit international» déjà mondial à bien des égards. Qui peut invoquer des normes et principes communs, devant n’importe quel tribunal. Qui permet de confronter des Etats et des