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Analyse

Le Maroc célèbre sa tête religieuse

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L’islamiste Abdelilah Benkirane a été nommé, hier, chef du gouvernement après la victoire de son parti aux législatives.
Le roi Mohammed VI (à droite) et Abdelilah Benkirane, le chef du parti islamiste modéré Justice et développement, le 29 novembre 2011 à Midelt. (© AFP Azzouz Boukallouch)
publié le 30 novembre 2011 à 0h00

Le prochain gouvernement marocain a déjà un visage. Celui d’Abdelilah Benkirane. Agé de 57 ans, la barbe blanche de trois jours, le regard cabotin, ce tribun, à la physionomie d’un bon père de famille, est devenu champion des petites phrases et des grosses colères. Premier islamiste à diriger un gouvernement, c’est donc un homme à la personnalité rugueuse, parfois effrayante. Il a emmené sa formation à la victoire, historique, puisque le Parti justice et développement (PJD) a remporté ces législatives anticipées avec 107 sièges sur les 395 que compte le Parlement.

Ces derniers mois, il s'était attaché à en lisser l'image. Comme avec cette phrase, confiée à Libération : «On est un parti à référentiel islamique, mais, rassurez-vous, on ne demande pas à nos militants s'ils font la prière.»

D'une lutte féroce en 2003 contre la réforme du code de la famille - qui devait donner le droit de divorce aux femmes - en déclarations tonitruantes en juin 2011 accusant Elton John «d'homosexualiser le Maroc» et Shakira de «favoriser les mœurs légères» lors d'un festival à Rabat, Abdelilah Benkirane est passé à une campagne tout en nuances se concentrant sur la lutte contre le chômage et la corruption. Cette fois, cet enseignant de physique à la retraite a soigneusement évité les questions morales. «Des gens vous poseront encore et toujours les mêmes questions. Interdirez-vous les maillots de bain sur les plages ? Fermerez-vous les bars ? À tous ces gen