La bonne nouvelle, c’est que, pour une fois, l’Europe sera au cœur de la campagne présidentielle. Non pas, comme d’habitude, pour y faire souffler le vent vif de la démagogie anti-bruxelloise qui a toujours caractérisé la vie politique française, avec un plus ou moins grand raffinement selon les partis.
Avec la crise, les secousses qu'elle produit, la puissante angoisse qu'elle génère, les points de rupture potentiellement irréversibles qu'elle s'ingénie à multiplier, l'Union européenne a acquis une existence politique concrète. Visible. Dramatique. Elle fait partie de la vie quotidienne des citoyens des Etats membres, a fortiori ceux de la zone euro. Qui ont intégré qu'une partie de leur destin se jouait désormais chez eux et dans l'UE. Ce point acquis est essentiel, mais dérisoire, au regard de l'immensité du chemin à parcourir. Comme sont dérisoires, à ce stade, les querelles théologiques qui secouent le couple franco-allemand sur le rôle dévolu à la BCE et aux formes de vertu à développer, à l'avenir, pour éviter que de nouvelles crises se déploient alors que personne n'a la moindre idée pour arrêter celle qui dévaste maintenant l'économie. En toile de fond, alors qu'elle devrait occuper le premier plan car elle est la clé de tout : la question démocratique. Elle se formule simplement : l'Europe restera-t-elle éternellement un club de superpuissances jouant à être souveraines comme au bon vieux temps bien qu'elles savent, in petto, qu'elles ne le sont pl