Menu
Libération
Reportage

Au Caire, les Frères musulmans «incarnent l’alternance»

Article réservé aux abonnés
La confrérie, qui a remporté plus de 40% des voix dans le quartier d’Abdine aux législatives débutées lundi, séduit grâce à son image d’opposant à l’ancien régime.
publié le 2 décembre 2011 à 0h00

Le luxueux palais d'Abdine, ancien fief du roi, puis des chefs d'Etat égyptiens, accueillera-t-il demain un représentant des Frères musulmans ? Une hypothèse de moins en moins absurde. La confrérie est, sans surprise, la grande gagnante des élections législatives débutées lundi. Sa branche politique, le Parti de la liberté et de la justice, (PLJ) a recueilli plus de 40% des suffrages dans le quartier d'Abdine. Ici, les Frères n'ont pas attendu la révolution et la mise en place d'élections libres pour s'implanter et s'imposer. Dès 2005, un de leurs candidats, Gamal Hanafy, a été élu député. Cela peut surprendre tant les larges artères bordées d'arbres et les immeubles du XIXe siècle de style européen font penser qu'on se trouve dans une zone bourgeoise plutôt hostile aux islamistes. Trompe-l'œil, malgré les vestiges de son luxe passé, Abdine s'est considérablement paupérisé sous l'effet de l'exode rural. Y vivent aujourd'hui des classes moyennes et populaires, petits fonctionnaires et ouvriers spécialisés.

Le quartier a également la réputation d'être un réservoir à baltaguis, main-d'œuvre bon marché que le pouvoir peut utiliser contre les manifestants. Partout à Abdine, de grands calicots jaune et bleu ou des affiches représentent les candidats du PLJ. Ce sont, pour la plupart, des hommes d'une cinquantaine d'années, souriant et cravatés. Des «islamistes modernes», loin de l'épouvantail du méchant barbu.

Ancrage. Dans le bureau de Gamal Han