La montée politique spectaculaire d’islamistes plus ou moins radicaux en Egypte, en Tunisie, en Libye et même au Maroc est perçue par l’Arabie Saoudite comme une double victoire : celle d’un islamisme militant et celle du sunnisme.
Dès les lendemains de la première crise pétrolière (1973), l'Arabie Saoudite s'est efforcée de promouvoir, avec l'appui des Etats-Unis (qui luttaient contre le communisme), une version militante du sunnisme. Cette politique, fondée sur la place des medressa et celle des prêcheurs radicaux, a fait sentir progressivement ses effets, de l'ouest africain à l'Indonésie et s'est, un moment, cristallisée autour de l'Afghanistan. L'appui sans réserve donné aux combattants afghans était la réponse des Saoudiens au défi que la révolution khomeyniste venait de lancer à la fois aux Etats-Unis et au sunnisme.
La vague islamiste actuelle n’est pas pour étonner, mais doit être replacée aussi dans un contexte musulman. Un processus révolutionnaire ne se limite pas aux communications par téléphones mobiles, permettant à des fantassins, hier plus ou moins isolés, de se coordonner. Il ne faut pas confondre émeutes et travail de mobilisation politique sur la durée. Les islamistes, de diverses obédiences, recueillent les dividendes d’un travail de fond. Celui-ci a été mené depuis plusieurs décennies par des militants dévoués. Ce type d’activité sociale et politique n’est pas sans rappeler les techniques d’implantation de révolutionnaires se réclamant naguère du