«Moubarak a laissé le pays dans un état catastrophique. Mais, entre lui et quelqu'un qui m'ordonne de voiler mes cheveux et de cacher mon corps, je choisis Moubarak !» Yasmine, actrice de 37 ans, peste devant son cappuccino servi dans un café «occidentalisé» de Zamalek, quartier huppé du Caire.
Radicaux. Les résultats des premières élections législatives depuis la chute de l'ex-raïs, en février, sont une grande désillusion pour les Egyptiens des classes moyennes ou supérieures, aisés et éduqués, musulmans ou chrétiens, qui croyaient à l'avènement d'une démocratie libérale. D'après les premiers résultats, les Frères musulmans, via leur bras politique, Liberté et Justice, arriveraient en tête du scrutin avec 40% des suffrages. Cette belle performance est loin d'être une surprise. Première force d'opposition sous le régime de Moubarak, sans jamais être passée à l'épreuve du pouvoir, la confrérie avait toutes les clés en main : expérience politique, réseau et large popularité liée à leurs actions de charité menées depuis des années.
En revanche, les salafistes, avec le parti Al-Nour, ont fait une percée inattendue. Ces islamistes - bien plus radicaux que les Frères musulmans -, qui prônent l’application littérale des préceptes du Coran, remporteraient 20 à 30% des voix. Ils passeraient donc devant la coalition libérale, le Bloc égyptien, qui n’aurait convaincu que 20% des électeurs. Un score médiocre, malgré le soutien de Naguib Sawiris, à la têt