Dans sa cellule de prison, Gulnaz, 19 ans, accusait celui qui l'avait violée «d'avoir ruiné sa vie». «Je ne pourrai jamais me remarier», disait-elle dans un documentaire jamais diffusé. Condamnée à douze ans de prison en Afghanistan pour «adultère», Gulnaz a finalement été graciée, jeudi. Mais elle doit désormais épouser son agresseur pour limiter le risque de représailles, selon des responsables judiciaires afghans.
Dix ans après la chute des talibans, les droits des femmes restent bafoués. La loi votée en 2009, censée les protéger, est très rarement appliquée, selon un rapport de l’ONU publié fin novembre. Crimes d’honneur, mariages forcés ou dons de femmes pour régler des litiges restent courants. La plupart des cas de violence ne sont jamais signalés.
La décision de la présidence afghane ne doit d’ailleurs rien à une volonté d’appliquer la loi de 2009. Hamid Karzaï ne s’est ému du cas de Gulnaz qu’après avoir reçu une pétition réunissant 6 000 signatures.
Celle-ci avait été lancée suite à la décision de l'Union européenne de censurer un documentaire qui raconte l'histoire de Gulnaz et d'une autre jeune Afghane, condamnée à six ans de prison pour avoir fui un mari qui la battait. L'UE, qui a financé le film à hauteur de 70 000 euros, a interdit sa diffusion, arguant que la sécurité des femmes filmées était en jeu. Une justification qui ne convainc pas Clémentine Maupas, la réalisatrice : «Ces femmes nous ont demandé de raconter leur histoire. L