«Il faut beaucoup d'indisciplinés pour faire un peuple libre», pensait Bernanos. Le peuple russe est-il indiscipliné ? Réponse catégorique d'un connaisseur, l'écrivain russo-ukrainien Andreï Kourkov : «C'est un trait de caractère commun aux générations qui ont vécu en Union soviétique. Elles continuent à vivre de manière passive, dans l'attente que quelqu'un vienne les aider ou leur montrer ce qu'il faut faire.» Dans Une exécution ordinaire, récit de la catastrophe en 2000 du sous-marin Koursk sous Poutine, Marc Dugain, écrivain français lui, donne un avis à cette inertie : le Mur et l'Union soviétique se sont effondrés sans l'ombre d'une révolte populaire. D'où ce désenchantement récurrent chez les jeunes Russes, relayés par une nouvelle génération d'auteurs, souvent déjantés, dans le style sexe, drogues et violence, qui a toute l'apparence d'un défoulement. Il y a aussi des écrivains russes engagés qui, à l'inverse des journalistes abattus d'une balle dans la tête, possèdent une liberté d'écriture dont ils savent user. Boris Akounine est de ceux-là, qui n'a cessé de défendre le prisonnier le plus célèbre de Russie, l'ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski. Rédigé en 2008 pour Libération, son «journal d'écrivain» résumait l'actuelle Russie : «L'analogie la plus directe, c'est l'affaire Dreyfus. Dreyfus en combinaison noire de zek et Khodorkovski en uniforme à ganses.» Les Russes sont conviés à élire leurs députés. Une bien ma
Éditorial
Russes et disciplinés
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publié le 3 décembre 2011 à 0h00
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