Elle est la gardienne de la Loi fondamentale - la Grundgesestz - qui, depuis 1949, est le fondement de la démocratie allemande. Avec ses 16 juges (la moitié élus par le Bundestag, le Parlement ; l'autre par le Bundesrat, la Chambre haute représentant les Länder), la Cour constitutionnelle de Karlsruhe peut être saisie via un recours déposé par des organes fédéraux (Président, Parlement, députés, gouvernements régionaux). La Loi fondamentale accorde en outre à chaque citoyen le droit de déposer «un recours constitutionnel» lorsqu'il estime l'un de ses droits fondamentaux violé par une autorité publique.
Sur l'Europe, elle s'est souvent fait entendre avec des arrêts fracassants, tel celui de juin 2009 qui dénonçait «le déficit structurel de la démocratie de l'Union européenne» tout en entérinant le traité de Lisbonne. Une décision sonnant comme une mise en garde. «La Cour constitutionnelle a validé le principe de transfert de souveraineté à condition d'offrir des garanties démocratiques équivalentes», explique Ingolf Pernice, juriste et constitutionnaliste de l'université Humboldt de Berlin. «Elle joue un rôle d'autant plus important que les Allemands, à la différence des Français, n'ont jamais été consultés directement sur la construction européenne ; du coup la cour émet des opinions qui ne sont pas forcément majoritaires mais prennent en otage le système», relève Sylvie Goulard, députée européenne du Modem.
La cour reste ainsi une tutelle r