La France, encore la France, toujours la France. Laurent Gbagbo en aura-t-il jamais fini d’écrire la chronique de son dépit amoureux vis-à-vis d’un pays qu’il a tant aimé et qu’il accuse d’avoir précipité sa chute ? Hier, lors de sa comparution initiale devant la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye (Pays-Bas), l’ex-président de Côte-d’Ivoire s’en est pris à l’ancienne puissance coloniale, annonçant probablement sa ligne de défense. Ou plutôt d’attaque.
«Bombes». S'il a d'abord paru presque intimidé face à la présidente du tribunal, Silvia Fernandez de Gurmendi, Laurent Gbagbo a vite repris le dessus pour dénoncer les conditions de son arrestation, de détention à Korhogo (nord de la Côte-d'Ivoire) et enfin de son transfèrement vers La Haye mercredi dernier. Quelque peu amaigri, en costume sombre, l'ancien homme fort d'Abidjan s'est exprimé en français, la seule langue qu'il connaisse, a-t-il précisé, avant d'ajouter : «Malheureusement.»
Accusé d'être le «coauteur» de meurtres, de persécutions et de violences sexuelles lors de la crise postélectorale en Côte-d'Ivoire (de décembre 2010 à mai 2011), il a accusé la France de l'avoir conduit là où il est aujourd'hui. Un an quasiment jour pour jour après son intronisation au forceps au palais présidentiel d'Abidjan. «C'est l'armée française qui a fait le travail», a-t-il lancé. «Arrêté sous les bombes françaises», le 11 avril, Laurent Gbagbo a assuré qu'une cinquantaine de