Depuis hier après-midi, la Belgique a enfin un gouvernement ! Il comprendra douze ministres et six secrétaires d’Etat et il sera dirigé par le socialiste francophone Elio Di Rupo. Il aura fallu dix-neuf mois pour en arriver là : le chrétien-démocrate flamand Yves Leterme avait démissionné le 26 avril 2010, et les élections législatives du 13 juin suivant, qui avaient vu la victoire des indépendantistes flamands de la N-VA, loin de déboucher sur une solution, avaient enfoncé le pays dans la plus longue crise politique de l’histoire mondiale d’après-guerre.
La Belgique est-elle sauvée ?
Si le soulagement est évident chez les francophones, qui voient l'unité du Royaume maintenue, la frustration est immense chez les Flamands qui n'ont pas obtenu la «révolution copernicienne» de l'Etat, pour reprendre une expression de Bart De Wever, qu'ils espéraient. Deux sondages montrent que les tensions entre Flamands et francophones demeurent intactes. Ainsi, la N-VA de De Wever, exclue des négociations gouvernementales cet été, n'a jamais été aussi puissante : le parti indépendantiste est donné entre 35% et 40% des voix (contre 27,8% en juin 2010), soit autant que les trois partis flamands qui appartiendront à la majorité, les socialistes du SP.A (entre 13,9% et 14,9%), les chrétiens démocrates du CD&V (entre 12,7% et 14,4%) et les libéraux de l'Open VLD (autour de 13%). Les électeurs néerlandophones ne sont pas reconnaissants envers ces trois formations pour avoir