Le parti au pouvoir, Russie unie, perd la majorité des deux tiers à la Chambre basse du Parlement, la Douma. Libération a demandé son analyse à Marie Mendras (1), chercheuse au CNRS et au Centre d'études et de recherches internationales de Sciences-Po.
Est-ce l’annonce d’un déclin ?
Russie unie perd 77 sièges. C’est le signe d’une crise réelle pour un parti au pouvoir qui a derrière lui les administrations et recourt à la fraude massive. Russie unie n’a pas perdu le Parlement, mais ne réussit plus à mobiliser les administrations, comme c’était le cas depuis douze ans. Il y a quelque 95 000 bureaux de vote en Russie. Pour les contrôler tous, il faut 2 millions de personnes. C’est là qu’on voit que la machine s’épuise. Probablement, un certain nombre d’acteurs locaux et de petites mains n’ont pas eu envie d’obéir aux ordres. C’est d’ailleurs plus difficile qu’il y a quatre ans, car la société civile et les mouvements d’opposition se sont beaucoup mobilisés. On a vu sur YouTube des centaines d’épisodes où des électeurs prenaient à partie les présidents de commission en découvrant que les urnes contenaient dès l’ouverture des bureaux de vote des bulletins remplis. Le pouvoir a donc rencontré une certaine résistance, qu’elle soit le fait de ceux qui ne veulent plus que la même équipe continue à diriger, ou de ceux qui veulent se conduire honnêtement. Il est plus facile de bourrer les urnes quand on va dans le sens du vent que lorsqu’on veut inverser la tendance.
Comment faire élire Poutine à la présidence en mars ?
C’est la question de ce lendemain de semi