Le 15 novembre, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que la décision de la Ligue arabe de suspendre la Syrie était «une erreur», avant de recevoir une délégation du Conseil national de l'opposition syrienne. Ces événements ont concordé avec la visite à Damas du patriarche de l'Eglise orthodoxe de Russie, Kirill, qui s'est entretenu avec Bachar al-Assad. Un apparent activisme diplomatique qui dissimule mal l'hésitation politique du Kremlin : alors que s'amplifient les critiques internationales à l'égard du président syrien, la Russie reste l'un des seuls pays à s'opposer à une pression accrue sur le régime baasiste. L'intransigeance de Moscou sur le dossier syrien peut s'analyser sous quatre angles.
Premièrement, la Russie veut éviter une répétition de l'humiliant scénario libyen. Au printemps, Moscou s'était abstenu au Conseil de sécurité des Nations unies - décision inhabituelle dans la tradition diplomatique russe -, permettant l'adoption de la résolution 1973 et la mise en place d'une zone de protection aérienne par les forces de l'Otan. L'épisode avait également révélé des dissensions plus ou moins scénarisées au sein de l'appareil exécutif russe. La sortie de Vladimir Poutine, assimilant l'offensive occidentale à une «croisade médiévale», avait été largement médiatisée, avant d'être retoquée par Medvedev qualifiant le commentaire d'«inacceptable». Ce cafouillis diplomatique n'a guère aidé à accroître la visibilit