La diplomatie américaine, bien qu’elle n’ait pas de légitimité particulière pour cela, vient de facto de délivrer un brevet de respectabilité démocratique au nouveau gouvernement birman. Hillary Clinton, la secrétaire d’Etat, s’est rendue en personne à Rangoun et Naypyidaw, la nouvelle capitale, pour rencontrer le chef du gouvernement et, longuement, l’icône de l’opposition, Aung San Suu Kyi. Elle a souhaité la poursuite des réformes entamées, sans évoquer pour le moment la levée des sanctions américaines et européennes, en vigueur depuis vingt ans.
Sur le fond, et tout en restant prudent face à l’avenir, jamais écrit d’avance, il faut donner acte au gouvernement «civil» de Thein Sein qu’il a respecté, du moins formellement, tous les engagements pris dans le cadre de la «feuille de route vers la démocratie» : tenue d’élections (même bidonnées, avec un quart des sièges réservés de droit à l’armée), élargissement durable d’Aung San Suu Kyi, effectivement libre depuis un an et prête à coopérer, libération (même au compte-gouttes) de prisonniers politiques, reconnaissance des syndicats (encore à créer) et du droit de grève (sauf dans les services publics), liberté progressive de la presse : on voit partout la photo, naguère interdite, de «la Dame» à la une des journaux et revues.
Sans doute le gouvernement de Naypyidaw n’a-t-il pas été soudainement touché par la grâce et a-t-il considéré trois éléments. Tout d’abord, la nécessité de s’amender pour mériter la présidence de l’Associ