Nicolas Sarkozy et François Hollande font une erreur commune. S’ils sont l’un et l’autre aussi mal à l’aise, tortueux et inintelligibles sur l’Europe, c’est qu’ils sont, l’un comme l’autre, obsédés par la victoire du non au référendum constitutionnel, qu’ils craignent que cette bataille ne se rejoue lors de la présidentielle et voient déjà des pans entiers de leurs électorats se porter sur des candidats souverainistes qui pourraient, alors, leur prendre assez de voix pour les éliminer au premier tour.
«N'oubliez pas que c'est le non qui l'avait emporté en 2005», répond un lieutenant de François Hollande lorsqu'on lui demande pourquoi un homme aussi fédéraliste que son candidat est si timide sur le sujet et, à droite, c'est le même langage qu'on entend. C'est beaucoup plus sur l'Europe que sur la sécurité ou l'immigration que Nicolas Sarkozy se sent menacé par le Front national et c'est ainsi que le souverainisme, à droite comme à gauche, pèse d'un poids déterminant sur la campagne présidentielle alors même que ce n'est pas lui qui avait fait le non d'il y a six ans.
Il avait compté, bien sûr, mais infiniment moins que les trois autres éléments qui avaient abouti au rejet du traité constitutionnel dans les deux pays, la France et les Pays-Bas, où il avait été soumis à référendum. La première de ces raisons est que les peuples européens ne peuvent simplement pas s’y retrouver dans des institutions communautaires bien trop complexes et confuses pour être compréhensibles.