Il y a les vainqueurs et les vaincus. Avant même les législatives de dimanche, les jeux semblent déjà faits. En partie grâce à la justice. En envoyant, il y a dix jours, l'ancien président Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, l'actuel chef de l'Etat, Alassane Ouattara, a désarçonné ses principaux adversaires. Le parti de Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI), qui boycottait de toute façon le scrutin, a semblé terrassé en apprenant «la déportation» de son chef. «Nous sommes abattus», reconnaît Emmanuel, un militant pro-Gbagbo dans le quartier de Yopougon, longtemps considéré comme un bastion du FPI. «Nos chefs sont désormais tous en prison ou bien en exil», se lamente-il, tout en refusant de désespérer : «A La Haye, Gbagbo va se défendre ! Et il reviendra, libre.»
Rebelles. Dans l'immédiat, le pouvoir se débarrasse, sans susciter de révolte, de l'homme qui a entraîné le pays dans une dérive sanglante après avoir refusé de reconnaître sa défaite à la présidentielle, il y a tout juste un an. Reste la délicate réconciliation, qui ne se limite pas à l'horizon des élections.
«Le problème, c'est que les partisans de Gbagbo n'ont reconnu aucune faute. Ils se considèrent comme des victimes en affirmant que l'épuration ethnique du début 2011 n'était qu'une réaction de légitime défense», soupire Yacoumba Doumbia, président du Mouvement ivoirien des droits de l'homme (MIDH). Depuis la capture de