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Libération
Interview

«Je ne crois pas à un retour en arrière et une répression en Birmanie»

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Questions à Wai Phyo, journaliste birman, prix Reporters sans frontières 2011
publié le 10 décembre 2011 à 0h00

Wai Phyo, du Weekly Eleven News, propriété de l'Eleven Media Group, a reçu mercredi à Paris le prix Reporters sans frontières. Il revient sur les réformes en cours initiées par le gouvernement «civil» birman qui a succédé à la junte en mars.

La censure contre la presse est-elle encore pratiquée ?

Depuis huit mois, des changements sont en cours dans la presse birmane qui publie dorénavant les photos d'Aung San Suu Kyi. Pour nos journaux sportifs, nous n'avons plus besoin de faire contrôler nos pages avant publication. En revanche, les pages du Weekly Eleven News Journal, notre hebdomadaire d'informations générales, sont toujours visées par la censure. Nous avons pu publier un article très critique sur le projet de barrage de Myitsone [l'immense chantier destiné à fournir de l'énergie en Chine a été suspendu jusqu'en 2015, ndlr] en évoquant les risques écologiques, les dangers pour les populations kachines et en donnant la parole aux opposants au projet. La censure est intervenue à la marge en modifiant ou en effaçant quelques mots, mais l'article a été publié. Quelques mois plus tôt, cela aurait été impossible.

S’agit-il de réformes cosmétiques ou d’un changement de nature ?

Le régime lâche du lest petit à petit. Je ne crois pas un brusque arrêt des réformes avec un retour en arrière et une répression comme en 1988 [au moins 3 000 morts, ndlr]. Le régime sait qu'il subirait alors une pression très forte des Eta