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En Argentine, autopsie d’un double meurtre

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Suicide d’un policier, doutes sur le nombre d’agresseurs… L’enquête sur l’assassinat, le 15 juillet 2011, de deux randonneuses françaises, révèle des zones d’ombre.
publié le 15 décembre 2011 à 0h00

Le mamelon herbeux de la Quebrada de San Lorenzo offre un large panorama sur la vallée de Lerma et la ville de Salta, lovée quelques centaines de mètres en contrebas et bordées, dans le lointain, par les contreforts de la cordillère des Andes. A 1 600 kilomètres au nord-ouest de Buenos Aires, la draille poussiéreuse mangée par la végétation qui dessert le point de vue serpente à travers une forêt touffue. Quarante minutes de marche sur un relief pierreux et accidenté sont nécessaires pour atteindre le belvédère par le chemin le plus court.

Pompeusement appelé «el Mirador», l'endroit est désormais interdit au public. Au milieu du terre-plein, une fleur tricotée en laine rose est accrochée à un pieu fiché en terre. Comme un hommage anonyme à Cassandre et Houria, deux jeunes Françaises massacrées là le 15 juillet. A 5 mètres sur la gauche, des bandelettes de ruban plastifié blanc et rouge ont été disposées par la police argentine. Elles délimitent les 3 m2 de buissons où les corps martyrisés des jeunes femmes ont été découverts, quatorze jours après leur calvaire.

Les deux touristes ont été rouées de coups, violées et exécutées par une horde sauvage d'hommes de leur âge. C'est un randonneur, pressé d'assouvir un besoin naturel, qui s'est enfoncé dans les taillis et a pratiquement buté sur les cadavres. Cassandre Bouvier, 29 ans, et Houria Moumni, 23 ans, étudiantes à l'Institut des hautes études d'Amérique latine de Paris, étaient venues en Argentine pour part