L'avocat de Nuon Chea, l'idéologue des Khmers rouges, a le sens de la formule. «C'est un procès avec déambulateur», a déclaré Michiel Pestman, le juriste néerlandais, pour qualifier les audiences qui sont entrées dans le vif du sujet depuis le 5 décembre à Phnom Penh.
Car les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC), qui jugent quatre dignitaires du régime de Pol Pot (1975-1979), sont à la peine dans ce deuxième procès après celui de Douch, l’ex-directeur de S-21. L’établissement des faits et la quête de vérité souffrent du grand âge des accusés, tous octogénaires, et des témoins à la démarche chancelante et à la mémoire vacillante. Les pauses pipi, les chutes de tension, les difficultés d’audition ont ralenti un procès attendu depuis des décennies.
Le cas de Ieng Thirith illustre à lui seul les lenteurs de cette audience tentaculaire. L'ancienne ministre des Affaires sociales et ex-première dame du régime des Khmers rouges, a été maintenue en détention, mardi, malgré sa folie et sa probable maladie d'Alzheimer. La CETC a décidé que Ieng Thirith serait transférée dans un hôpital pour tenter «d'améliorer son état de santé mentale». Avant un examen médical d'ici à six mois.
«C'est un début chaotique, juge l'avocate Martine Jacquin qui, avec une dizaine de collègues, défend 1 200 parties civiles. Les accusés sont vieux, fatigués, et cet état de fait s'ajoute aux problèmes de traduction et à l'attitude hostile de certaines éq