Une ville dans la ville. Avec près de 500 000 habitants entassés dans des bâtiments mal construits et sans la moindre finition, Imbaba est un des nombreux quartiers informelsdu Caire. S'y entrelacent de longues artères sans bitume et des ruelles si poussiéreuses et étroites que les voitures peinent à s'y engouffrer. Pour se déplacer, mieux vaut prendre un tuk-tuk, petit véhicule à trois roues en forme de boule. Certains de ces drôles d'engins noir et jaune sont conduits par des enfants d'à peine 10 ans. D'autres par des hommes portant la barbe longue et le qamis, tenue salafiste par excellence.
Les fondamentalistes religieux sont très fortement implantés à Imbaba, où pauvreté, chômage et absence de services publics constituent un terreau fertile. Au tournant des années 90, un imam radical et sécessionniste avait même proclamé la «République islamique d’Imbaba», inspirée du modèle taliban. Il avait alors fallu 12 000 soldats et six semaines de combats pour reprendre ce quartier où cohabitent tant bien que mal musulmans et chrétiens.
Querelles de clochers et de minarets ne sont pas rares. Imbaba compte une centaine de mosquées et dix églises. En mai, deux d’entre elles ont été le théâtre d’affrontements interreligieux particulièrement violents. Les circonstances demeurent floues et les versions contradictoires, mais il semble que plusieurs centaines de musulmans, emmenés par des salafistes, aient cherché à pénétrer dans l’église Saint-Mina pour récupérer Abeer Fakhry, u