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Libération

«Tonton Texto», la victime de trop des ultraroyalistes thaïlandais

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publié le 17 décembre 2011 à 0h00

Rien ne prédestinait Ampon Tangnoppakul, un retraité de 61 ans vivant avec sa femme et ses sept petits-enfants dans la banlieue de Bangkok, à devenir le héros d’une campagne pour l’abolition de la très sévère loi thaïlandaise punissant le crime de lèse-majesté. Mais sa condamnation, fin novembre, à vingt ans de prison pour l’envoi de quatre messages insultant la reine Sirikit à partir de son téléphone portable a été la goutte de trop pour de nombreux membres de l’intelligentsia thaïlandaise, de plus en plus inquiète de la dérive obscurantiste que connait le royaume.

Ampon, surnommé depuis sa condamnation «Tonton Texto», n'est pas le premier à faire les frais de l'article 112 du code pénal, qui punit d'une peine allant de trois à quinze ans de prison tous ceux qui «insultent le roi, la reine ou l'héritier du trône» : en 2010, 478 personnes ont été inculpées du crime de lèse-majesté, une augmentation de plus de 1 000 % par rapport à 2005. Jeudi, une membre des Chemises rouges (opposition) a d'ailleurs écopé de quinze ans de prison pour insulte à la famille royale. L'indignation de la population devant la condamnation de Tonton Texto s'explique par l'incongruité du processus judiciaire. Selon des témoins, Ampon sait à peine utiliser son téléphone et ignore ce qu'est un texto. De plus, les messages impies ont été envoyés sur les portables du directeur de cabinet du Premier ministre d'alors et de dizaines d'autres politiciens et hauts fonctionnaires, amenant à se demander