Président, dissident, dramaturge, prisonnier, écrivain, laborantin… Václav Havel, qui s’est éteint hier à 75 ans, Hradecek, en Bohême du Nord, aura vécu toutes ces vies en une seule. Mais l’ancien chef de l’Etat tchèque restera surtout comme le héros de la révolution de velours de novembre 1989, qui mit fin en douceur à plus de quarante ans de communisme à Prague. Au-delà, il fut l’un de ces personnages hors du commun que «l’Est» a engendrés, au destin bousculé par l’histoire et qui l’accepta de bonne grâce, avec un sens aigu de l’absurde et de l’autodérision.
De Washington à Paris, toutes les grandes capitales ont salué hier une personnalité marquante qui a contribué à la fin du communisme et à la réunification européenne. Propulsé en décembre 1989 à la tête de la Tchécoslovaquie, Václav Havel fut, après la partition du pays, président de la République tchèque jusqu’en février 2003. Il réalisa alors l’un de ses grands desseins : ramener son pays dans le monde démocratique qu’il n’aurait jamais dû quitter - au sein de l’Otan en 1999, puis de l’Union européenne en 2002.
Président, il fut aussi le porte-voix de cette «autre Europe», soviétisée durant quarante ans et convaincue, ensuite, que le communisme n’aurait jamais été défait sans les Etats-Unis. Ce qui fut souvent mal compris par Paris. En février 2003, aux côtés des autres ex-pays de l’Est, Havel fut ainsi l’un des signataires de la «lettre des Huit» soutenant l’invasion américaine de l’Irak. Prônant la morale en politiqu