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Portrait

1941-2011, itinéraire d’un despote

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Arrivé au pouvoir en 1994, l’impitoyable fils de Kim Il-sung était décrit comme un «fou dangereux».
publié le 20 décembre 2011 à 0h00

La propagande officielle avait érigé en fable biblique sa naissance : un soldat de l'armée du «grand dirigeant», Kim Il-sung, son père, vit surgir un double arc-en-ciel en haut du mont Paektu, le sommet le plus élevé du pays. Messagère de l'Eden, une hirondelle annonça la naissance du «général qui dirigera le monde». Le soldat relaya le message sur Terre en le gravant dans l'écorce d'un arbre : «Ô Corée, j'annonce la naissance de l'étoile du Paektu.» Victime d'une crise cardiaque, «l'étoile» s'est éteinte samedi, à 69 ans d'après l'âge que lui prêtait sa biographie officielle. Les historiens défendent une version plus prosaïque. D'après des documents soviétiques, Kim Jong-il serait en fait né le 16 février 1941 en URSS dans un camp militaire de Sibérie, où ses parents s'étaient exilés. Avant de devenir le chef de la guérilla antijaponaise, son père, Kim Il-sung, commandait un bataillon constitué de soldats coréens et chinois.

Installé à Pyongyang par l'Armée rouge, Kim Il-sung couve son fils à l'excès. Il est d'autant plus choyé que son petit frère s'est noyé et que sa mère est morte quand il avait 7 ans. Durant la guerre de Corée (1950-1953), son père l'envoie en Mandchourie par sécurité. Avant de former celui qu'il surnomme le «génie aux 10 000 talents». Diplômé en économie politique en 1964, Kim Jong-il entame une ascension fulgurante au sein du Parti des travailleurs. Il reçoit une formation de pilote dans une académie militaire en Allemagne de