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grand angle

Etats-Unis L’hyperaction, un phénomène de classe

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Près d’un enfant américain sur dix serait hyperactif, majoritairement dans les milieux pauvres. Une statistique discutée : le lobby pharmaceutique et l’attrait des aides sociales favoriseraient des diagnostics complaisants.
publié le 20 décembre 2011 à 0h00

Linda Jacobs, 41 ans, est mère de dix enfants, dont neuf diagnostiqués «ADHD», le trouble de l'attention avec hyperactivité («Attention Deficit Hyperactivity Disorder» en anglais, TDAH en français). «Ils doivent prendre des médicaments car ils sont incontrôlables», résume-t-elle. Son plus jeune, qui a 7 ans, avale chaque matin un comprimé de méthylphénidate, un psychotrope recommandé contre les troubles de l'attention et l'hyperactivité. «Il prend son comprimé à 7 h 30 le matin, cela le stabilise pour sa journée d'école. Le soir, on sent bien que le comprimé n'agit plus. Il va sans doute falloir bientôt augmenter la dose.» Sa fille de 9 ans en est à trois médicaments par jour, dont de l'aripiprazole, un neuroleptique généralement prescrit aux schizophrènes, et parfois aussi utilisé contre le TDAH. «Elle est enragée, explique sa mère. Les médicaments lui permettent de se maîtriser la plupart du temps. Sans les médicaments, je ne sais pas ce que nous ferions.» Linda s'inquiète aussi pour l'un de ses aînés : parvenu à l'âge de 16 ans, il ne veut plus prendre ses pilules.

«Il jette toutes ses affaires»

Près d’un enfant américain sur dix est actuellement étiqueté «ADHD», et leur nombre est en augmentation constante. Ces dix dernières années, la proportion est passée de 7% à 9% des enfants, selon une récente étude des Centers for Disease Control and Prevention, une agence gouvernementale. Parmi les garçons, on compte même 13% d’en