C'est le genre de situation où Recep Tayyip Erdogan, tribun flamboyant aux accents volontiers populistes, excelle à galvaniser son opinion publique. Ton posé, mais verbe haut, le Premier ministre s'est posé en symbole de la nation bafouée dans son honneur par la loi française pénalisant le génocide arménien. «L'histoire et les peuples ne pardonneront pas à ceux qui exploitent les faits historiques à des fins politiques», a martelé hier le leader charismatique de l'AKP (Parti de la justice et du développement), issu du mouvement islamiste au pouvoir depuis 2002, clamant que ce vote «va ouvrir des plaies très graves et irréparables» dans les relations entre les deux pays.
Parlant quelques heures après le vote du Parlement français, le Premier ministre turc a annoncé «un premier train» de rétorsions contre la France, dont le rappel immédiat de son ambassadeur pour consultation, ainsi que le gel de la coopération politique et militaire. D'autres mesures plus sévères seront «progressivement» mises en œuvre. «Nous révisons nos relations avec la France», a insisté le leader de l'AKP, accusant Nicolas Sarkozy «d'avoir brisé pour des intérêts électoralistes des liens forgés depuis plusieurs siècles». Il a dénoncé la volonté des autorités françaises «de faire de la politique sur le racisme, la discrimination et la xénophobie», pourfendant une islamophobie qui, à l'en croire, ne se limite pas à la France mais gagne toute l'E