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Libération

Les fermiers irréductibles de la zone irradiée

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publié le 23 décembre 2011 à 0h00

«Pas le choix !» tonne Tokue Hosokawa, 65 ans, fermier à Iitate, village déserté sis à 30 kilomètres de la centrale nucléaire de Fukushima. «Si c'était possible, bien sûr, nous partirions, ma femme et moi, nous quitterions la ferme et ces terres, car il y a trop de radioactivité ici [entre 2 et 7 microsieverts par heure, ndlr]. Mais je ne peux pas abandonner mes 30 vaches et 33 poneys et chevaux, ils font partie de ma famille. Mes vaches ont chacune un nom de fleur, Tulipe, Rose, Camélia. J'ai de l'amour pour mes bêtes.»

Voilà des mois que ce fermier appelle en aide la préfecture de Fukushima. En vain. «On nous a proposé d'être évacués, mais sans mon élevage. J'ai refusé. Je ne vais quand même pas laisser mes vaches et mes chevaux mourir de faim ici. C'est toute la ferme qui doit être évacuée, les bêtes avec !» clame le fermier. Faute de pouvoir conjurer la menace invisible des isotopes, et avec le peu de moyens qu'il a, Tokue Hosokawa continue donc d'acheter de grandes quantités de foin, «importé de l'étranger». «Plus personne ne veut de mes bêtes. Qu'importe, je reste, ajoute l'éleveur. Pour m'occuper d'elles. Nous resterons ici, jusqu'au bout. Même sans aide des autorités, je ferai ce qu'il faut pour acheter du foin, et pour que nous survivions…»

Sa fille, Miwa, maman de 25 ans, est caissière dans un supermarché de Fukushima-City. Dans un rayon de 20 à 30 kilomètres autour de la centrale accidentée, le cas de To