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Libération

Des harkis dignes de mémoire

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publié le 24 décembre 2011 à 0h00

Dans son petit théâtre politique, la France joue volontiers avec le feu des symboles de l’histoire, comme s’il lui appartenait d’en arbitrer les querelles. Elle a souvent préféré faire la leçon au monde entier - cette semaine encore avec le génocide arménien - et agiter le chiffon rouge des lois mémorielles, plutôt que de regarder en face sa propre histoire.

Dans les prochaines semaines, le cinquantième anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie offre pourtant une belle occasion d'éclairer quelques-unes des zones d'ombres de notre histoire. Il faut ainsi saluer le travail exceptionnel de l'équipe des Temps modernes dont le dernier numéro est tout entier consacré aux harkis, ces musulmans, armés ou civils, qui se rangèrent du côté de la France lors des huit ans de conflit. Des «milices supplétives» encadrées par l'armée française et classées une fois pour toutes, dès les accords d'Evian, sous l'étiquette commode et infamante de «collabos». Comme le souligne Claude Lanzmann dans son introduction, il était «hautement improbable» que la revue fondée par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir publie un jour une telle somme sur ces «parias de l'histoire».Les Temps modernes se sont construits dans le combat anticolonial et le soutien sans réserve au FLN.

Lanzmann rappelle qu'il avait signé, en avril 1961, un article d'une violence inouïe contre les harkis, les assimilant aux petits groupes de tortionnaires qui se salissaient le