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Libération
Critique

Tirana. Sous la tyrannie

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L’écrivaine albanaise Bessa Myftiu raconte l’histoire de son père dissident et décrit le climat social et religieux qui régnait dans un pays dirigé d’une main de fer par le dictateur Enver Hoxha.
publié le 24 décembre 2011 à 0h00

Bessa Myftiu écrit en français, langue qu'elle a apprise tard, quand elle était déjà adulte. Née à Tirana, en Albanie, elle vit aujourd'hui en Suisse. Dans Amours au temps du communisme (1), son dernier roman, elle raconte les relations tragicomiques entre les hommes et les femmes en Albanie dans les années 60 à 80.

Le pays, encore largement rural, était alors dirigé d’une main de fer par le sinocommuniste Enver Hoxha. Bessa Myftiu raconte la vie d’une famille d’intellectuels dissidents en Albanie, du temps de la dictature. Rencontre.

(1) Fayard, 294 pp., 18,50 euros.

Mon père, ce héros

Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors qu’il n’avait que 12 ans, mon père s’est engagé dans la résistance. Il servait de courrier entre les partisans du maquis et les clandestins de Tirana. Quand il a été capturé par les nazis, il a été torturé pendant une semaine, mais n’a pas parlé. Ensuite, on l’a envoyé au camp de concentration de Pristina. Plus tard, juste avant la destruction du camp, les Allemands ont décidé d’exécuter 105 personnes. Mon père en a réchappé par miracle. Un Allemand lui a demandé son âge. "Zwölf" (Douze), a dit mon père. "Weg !" (Va-t’en), a répondu l’Allemand.

«De retour à Tirana, comme il venait d’une famille de résistants et qu’il était le seul enfant à avoir été torturé, il a travaillé avec Nexhmije, militante et future femme d’Enver Hoxha. Après la guerre, il a fini ses études, a commencé à écrire, a reçu le premier prix de littérature d’Alba