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Libération
TRIBUNE

Bien joué, Václav !

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par György Konrád, Ecrivain hongrois, ancien dissident
publié le 26 décembre 2011 à 0h00

APrague, le changement de 1989 ressembla à un conte de fées. Après le président Gustav Husák, que l’on n’aimait pas, vint Václav Havel, le président bien-aimé. Soixante-dix ans auparavant, un autre penseur tchèque, Tomás Masaryk, avait été le fondateur de la République de Tchécoslovaquie libérale et démocratique.

En cette merveilleuse année 1989, ce fut de nouveau un auteur tchèque de réputation mondiale qui, avec ses amis, rétablit la démocratie et renouvela la république. La métaphore du philosophe roi revint à la mode. Sur le pont Charles, des jeunes femmes arboraient sur leur tee-shirt le portrait de cet homme calme et souriant qu’un juste sort tira de la prison pour qu’il aille incarner au Hradschin, au château où siégeait la présidence, la liberté des Tchèques. «Havel au château !» pouvait-on lire partout. Au début de l’automne, même les écrivains de l’opposition ne pouvaient croire que ceci pourrait arriver, après le Nouvel An, c’était la chose la plus naturelle ; et lorsque le Président se rendit en visite à Bratislava, le drapeau l’accompagna pour flotter là où il se trouvait. Il se distinguait parmi les autres chefs d’Etat par la vigueur de sa pensée, on l’invitait partout, les événements auxquels il assistait gagnaient en dignité.

Nous nous sommes rencontrés pour la première fois il y a quarante ans, j'avais remarqué son sourire chaleureux, son humour méditatif, le timbre grave de sa voix. En janvier 1990, je suis allé rendre visite au président Václav Havel en comp