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TRIBUNE

Hongrie : l’extrême droite remonte sur scène

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par Benedek Varkonyi, Journaliste à la Radio publique hongroise
publié le 26 décembre 2011 à 0h00

Même sur la scène du théâtre le passé resurgit : la période la plus sombre du XXe siècle en Hongrie. La nomination de György Dörner au poste de directeur à Uj Színház, un théâtre financé par la ville de Budapest, a suscité de grandes protestations parmi l'intelligentsia. Car Dörner, acteur par ailleurs réputé, a déclaré vouloir diriger le théâtre en s'inspirant des idées de son ami et père spirituel, István Csurka, auteur dramatique et politicien d'extrême droite.

István Csurka est un farouche antisémite qui n'a qu'une idée fixe : le complot des juifs contre la nation hongroise, ourdi par un «axe New York-Tel-Aviv-Budapest». Il se croit dans la Hongrie des années 30, lorsque le pays promulguait des lois contre les Juifs. István Csurka est cependant un personnage paradoxal. En 1992, il a fondé le Parti de la justice et de la vérité, d'extrême droite. Mais c'est aussi un auteur dramatique qui a connu un grand succès sous le socialisme. Certaines de ses pièces ont même été traduites en français, comme le Timonier des péniches ou le Lustre. On pourrait dire qu'il est en quelque sorte le Céline hongrois. En France, Louis-Ferdinand Céline est incontestablement reconnu comme un écrivain talentueux. Il en est de même pour Csurka qui, à l'instar de Céline, provoque l'indignation, voire le dégoût lorsqu'on découvre l'homme «privé» et ses idées politiques. Mais alors qu'en France un grand débat a eu lieu récemment autour de Céline, pour savoir si l'