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«Humiliée» au Caire

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Le monde arabe en ébullitiondossier
Samira Ibrahim Mohammed. Cette militante égyptienne aurait subi un «test de virginité» lors de son arrestation. Elle porte plainte.
publié le 26 décembre 2011 à 0h00

La liberté d'un peuple se mesure-t-elle au sang versé pour la gagner ? Jour après jour s'allonge la liste des martyrs de la révolution égyptienne, ces chahid dont les portraits en pochoirs tiennent les murs du Caire en éveil. Juste en face du siège du gouvernement où de violents affrontements continuent d'opposer soldats et révolutionnaires, le visage d'une femme portant un voile est dessiné en bleu. Il s'agit de Samira Ibrahim Mohammed, 25 ans. Bien vivante, maquillée et le sourire solidement accroché aux lèvres, elle refuse d'être considérée comme une victime. Pas de pansement sur la tête ni de plâtre au bras, sa blessure est plus secrète. Mais non moins violente dans une Egypte où l'honneur et la réputation salis ont vite fait de mettre une femme au ban.

Ce que lui ont infligé les militaires porte un nom technique, froid, glaçant même : «test de virginité». Les faits remontent au 9 mars, «au lendemain de la Journée internationale de la femme, ce n'est pas anodin», précise-t-elle. Avec dix-sept autres militantes, Samira Ibrahim Mohammed est arrêtée par la police militaire alors qu'elle manifeste sur la place Tahrir. S'ensuivent quatre jours d'incarcération et un procès devant le tribunal militaire. Depuis février et la chute d'Hosni Moubarak, cette cour martiale a déjà jugé plus de 12 000 personnes dont beaucoup d'activistes. Pour les libéraux, c'est la preuve que le Conseil suprême des forces armées (CSFA), en charge de la transition politique, ne fait qu