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Libération

La peur et le désarroi de la communauté chrétienne du Caire

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Lors des célébrations de Noël, les fidèles font part de leurs humiliations et redoutent d’être contraints à l’exil.
publié le 26 décembre 2011 à 0h00

Le quartier d'Héliopolis au Caire est «une réserve à chrétiens qui sont souvent pris pour des citoyens de seconde zone», dit dans un sourire fatigué la sœur de Rachad el-Masry, professeur de médecine. Frère et sœur viennent d'assister à la messe dans la paroisse catholique Notre-Dame, de rite latin. «On a beau savoir que nous sommes aujourd'hui dans l'espérance, je n'arrive à pas à savoir quel est le jeu de l'armée. Est-elle prisonnière des Frères musulmans et des salafistes, s'interroge l'aînée. Ou alors l'armée les manipule-t-elle pour rester au pouvoir ?» Pour son frère, 55 ans : «Il y a évidemment de l'inquiétude en ce jour de Noël. Mais c'est une autre injustice que celle qui prévalait sous Moubarak dans ce régime corrompu. Aujourd'hui, ce sont d'autres mensonges que j'entends tous les jours. La mosquée à côté de l'hôpital où j'exerce diffuse des messages en disant que voter pour les partis libéraux, comme l'ont fait les chrétiens d'Héliopolis dans leur majorité, c'est voter contre l'islam et pour des candidats athées. J'ai beau dire à mes patients que c'est une bêtise, je suis confronté au mal qui ronge mon pays : l'ignorance et la peur de l'autre.»

Sylvana a perdu il y a six mois son poste de secrétaire dans le secteur pétrolier «à cause des événements». C'est une dame gaie. Elle est maître de chœur des Anges de la basilique et donne «des cours de français pour s'en sortir» à des enfants de la petite communauté cath