Pays le plus peuplé d’Amérique centrale, le Guatemala a élu le 6 novembre à la présidence de la République, Otto Pérez Molina, général à la retraite et dirigeant du Parti patriote. Il prendra ses fonctions le 14 janvier dans un pays en proie à la violence des gangs et des narcotrafiquants, aux assassinats de leaders paysans et de syndicalistes et où le taux de résolution de ces crimes ne dépasse pas les 3%. L’impunité y règne en maître, tout comme la discrimination à l’encontre des descendants des populations autochtones mayas, qui représentent pourtant 60% de la population guatémaltèque.
Otto Pérez Molina est tenu pour responsable de massacres de communautés mayas au début des années 1980, au plus fort de la répression militaire d'un conflit armé qui a provoqué la mort de plus de 200 000 personnes, et de disparitions forcées lorsqu'il était à la tête des services de renseignements dans les années 1990. Il a promis de diriger le pays d'une main de fer, mano dura.
La question sur les cibles d’un tel slogan électoral se pose légitimement. Les militants des organisations luttant pour la justice et la reconnaissance du génocide de la population maya mené il y a trente ans, s’inquiètent notamment des suites qui seront données aux procès qui viennent tout juste de s’ouvrir à l’encontre de certains responsables militaires. Au sein des populations témoins des exactions d’une sauvagerie sans nom, qui ont été commises par les forces armées - pillages, viols, exécutions en masse