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Libération
Reportage

A Fayetteville, le blues des soldats après l’Irak

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De retour dans leur ville de garnison, les militaires américains se heurtent à l’indifférence.
Des soldats américains lors d'une cérémonie marquant la fin de leur mission en Irak sur une base militaire à l'Ouest de Bagdad le 15 décembre 2011. (© AFP Ali al-Saadi)
publié le 30 décembre 2011 à 0h00
(mis à jour le 30 décembre 2011 à 9h00)

Tous les matins, Jesse Lucky et Nia Chiaraluce déploient le drapeau américain sur la façade de leur petite maison de bois, à l'ouest de Fayetteville, en Caroline du Nord. Tous les soirs, le jeune couple le replie méthodiquement pour le ranger dans le garage. Jusqu'au lendemain. «C'est une façon de montrer notre patriotisme, notre attachement à la nation, même si quelquefois on se demande pourquoi on est allés combattre», glisse Nia, en gardant un œil sur ses deux jeunes enfants.

A eux deux, Jesse et Nia ont effectué trois missions en Irak et Afghanistan depuis 2004. «Moi, je suis rentré d'Irak en 2005 et je m'interroge toujours sur les raisons de cette guerre, dit doucement Jesse. Bien sur, on nous assure aujourd'hui que tout est fini. Mais ce n'est jamais fini pour ceux qui ont vu tout ce que l'on a vu. Honnêtement, je ne suis pas sûr de ce que l'on a accompli. Quatre mille cinq cents de nos soldats sont morts mais pourquoi exactement ? De toute façon, on a l'impression que l'Amérique nous a oubliés depuis longtemps.»

Jamais depuis le Vietnam, retour de guerre n'avait été plus difficile pour les GI. La semaine dernière, les Etats-Unis ont marqué la fin officielle de leur intervention en Irak (1), lancée en 2003 par George W. Bush, mais le conflit risque de laisser des cicatrices difficiles à effacer. Depuis plusieurs années déjà, l'opinion publique a invariablement fait savoir dans les sondages qu'elle rejetait une guerre ayant servi de prétexte à W