Les corps sur lesquels sont étendues des couvertures bariolées sont alignés dans la neige à flanc de montagne, entourés d'une foule de villageois. «Les corps sont plus d'une trentaine, tous atrocement brûlés», affirme Fehmi Yaman, le maire du village d'Uludere. Au moins 35 civils kurdes ont été tués mercredi soir à la frontière turco-irakienne, près du hameau d'Ortasu, lors de raids de l'aviation turque, qui croyait viser des rebelles du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). Ce bombardement de civils est le plus meurtrier commis par l'armée turque depuis celui du village d'Özalp près de Van en 1943, où 33 villageois trafiquant du carburant avec l'Iran tout proche furent tués. Cette fois aussi il s'agissait de contrebandiers.
«Les victimes sont des jeunes, tous de moins de 30 ans, qui vivaient de trafics de part et d'autre de la frontière. Parmi eux, il y a même des étudiants», affirme Ertan Eris, membre du conseil de la province de Sirnak, et militant du parti prokurde BDP. L'armée turque, quant à elle, se refusait toujours hier soir à reconnaître une erreur et affirmait avoir frappé sur la base d'informations - notamment fournies par des drones - «un groupe de terroristes qui essayaient de s'infiltrer», rappelant que la zone touchée, juste au-delà de la frontière, «n'abrite pas de population civile et sert de base arrière à l'organisation terroriste».«Ce terrible incident n'aurait pas eu lieu s'il n'y avait pas eu la menace terror