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Libération

Les islamistes dans tous leurs états

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publié le 31 décembre 2011 à 0h00

A peine libérés du joug de leurs dictateurs, les peuples arabes vont-ils se précipiter dans la nuit islamiste ? La question est dans toutes les têtes. Sans avoir été les moteurs des révolutions populaires et démocratiques de Tunis ou du Caire, les islamistes ont raflé la mise dans les urnes lors d’élections régulières et démocratiques. Mieux organisés et forts d’une armée de militants, leurs partis structurent désormais une nouvelle scène politique pluraliste en Tunisie, en Egypte, comme en Libye et peut-être demain en Syrie.

Mais qui sont-ils vraiment ? Quel usage vont-ils faire de leur puissant pouvoir dans les institutions et dans les têtes ? La revue Esprit a eu la bonne idée de confronter deux lectures différentes de l'islam politique, celles des chercheurs Olivier Roy et Patrick Haenni. Le premier voit dans l'institutionnalisation des partis islamistes la confirmation - en apparence paradoxale - d'une thèse qu'il défend depuis vingt ans : «L'échec de l'islam politique». Ou plutôt de l'islamisme comme idéologie politique. Ainsi, en Tunisie, le parti Ennahda n'a pu s'inscrire dans le champ de la responsabilité politique qu'en renonçant à l'utopie d'un Etat islamique et à la mise en œuvre réelle de la charia. Ses leaders se sont ralliés au principe d'un Etat civil. «La référence à l'AKP turc prend tout son sens, écrit Olivier Roy, la victoire électorale passe par l'ouverture à un électorat plus large, que n'attirent ni la charia ni même la promotion d