Valérie Gelézeau, géographe, est directrice du centre de recherches sur la Corée de l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Ses recherches en géographie culturelle ont d’abord porté sur la société urbaine sud-coréenne, puis se sont orientées sur l’étude de la frontière entre les deux Corées.
Pourquoi avoir choisi de détailler une ville comme Paju dans un ouvrage sur Séoul ?
Paju est une ville assez importante de la région urbaine de Séoul et surtout c’est une ville frontalière, elle a d’ailleurs perdu une petite partie de son territoire lors de la division. Ce choix permet de souligner le paradoxe de la proximité spatiale entre une frontière très militarisée dite «chaude» et une mégapole.
Peut-on y prendre le pouls des relations entre la Corée du Nord et la Corée du Sud ?
La frontière entre les deux Corées n’est pas au sens strict une frontière internationale, c’est une zone démilitarisée (DMZ) : l’armistice signé en 1953 à la fin de la guerre de Corée n’a jamais été transformé en traité de paix. Cette zone tampon autour de la ligne de cessez-le-feu de l’époque inscrit dans le territoire de la péninsule cette situation de guerre sans lutte armée. Comme toutes les villes limitrophes de la DMZ, Paju est traversée par tout le dispositif mis en place par les Sud-Coréens pour sécuriser cette zone à risque, la ville est comme cisaillée par la frontière. Certains faits peuvent y prendre une importance excessive. Ainsi, l’affaire des arbres de Noël installés sur des collines bien visibles par les Coréens du Nord a-t-elle pris une autre dimension à la mort de Kim Jong-il - le Nord considérant comme un affront ces illuminations au début d’un de