Attentats très meurtriers contre des églises chrétiennes par le groupe islamiste Boko Haram, manifestation contre la vie chère, et tensions entre les forces gouvernementales et la population, Daniel Bach, directeur de recherche au CNRS et spécialiste du Nigeria, analyse l'évolution de la situation dans ce pays.
Quelle est la situation actuelle?
Il y a eu une déclaration de l'état d'urgence dans quatre états par le président Goodluck Jonathan à qui beaucoup de Nigerians reprochaient de ne pas avoir été très réactif au cours des derniers mois. C'est visiblement censé constituer une réponse forte puisqu'on annonce également la fermeture des frontières du nord-est avec le Cameroun et le Niger. Toute la question est de savoir si cela va réellement régler quelque chose. On peut en douter dans la mesure où les violences suscitées par Boko Haram sont vont de pair avec une exaspération face au comportement de la police et de l'armée dont les pouvoirs vont être encore renforcés. Il y a une militarisation de la situation. Cela risque de ne pas régler le fond du problème, alors qu'un certain nombre de demandes ont été exprimées et qu'aucun dialogue n'a été engagé.