C'était en février 2000. Les conservateurs autrichiens venaient de former un gouvernement de coalition avec l'extrême droite de Jorg Haider. L'Europe, alors à 15, s'indignait, la France au premier chef avec Jacques Chirac président et Lionel Jospin Premier ministre, annonçant des sanctions contre Vienne qui, pendant quelques mois, ne fut plus invité aux sommets. Une mesure aussi fracassante symboliquement que par ailleurs inefficace. Cette fois, face aux dérives autocratiques bien réelles du gouvernement du très populiste leader conservateur hongrois Viktor Orbán, l'Union est restée quasi muette «Ce qui est en jeu touche aux valeurs de l'Europe. Il ne s'agit pas seulement, comme en Autriche avec Haider, d'un gouvernement qui s'ouvre à l'extrême droite : il y a un processus de mise entre parenthèses de la démocratie qui n'avait pas eu lieu à Vienne», s'insurge Daniel Cohn-Bendit, des Verts européens, soulignant qu'«on ne peut à la fois souhaiter plus d'Europe politique et se taire sur de telles questions».
Gêne. Le président de la Commission, José Manuel Barroso, a personnellement demandé à Orbán de renoncer à remettre en cause l'indépendance de la Banque centrale. Sur le reste, il garde profil bas, affirmant simplement que la Commission «va évaluer les effets de la nouvelle Constitution». Les dirigeants européens sont tout aussi discrets, alors qu'en début de semaine la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, exprimait déjà s