C’est un peu Shakespeare au pays des baobabs : un chef d’Etat vieillissant, 85 ans, repart dans une nouvelle bataille électorale, qui sera peut-être celle de trop, et semble hanté par l’avenir de son héritier qu’il n’arrive pas à imposer sur le devant de la scène. Malgré de nombreux efforts et des manœuvres qui lui aliènent à chaque fois un peu plus un peuple qui l’avait tant aimé. Abdoulaye Wade sera donc candidat à sa propre succession lors de la présidentielle en février. Il brigue un troisième mandat, alors que la Constitution sénégalaise limite depuis 2001 à deux mandats la fonction suprême. Affirmant que la réforme constitutionnelle a eu lieu alors qu’il était déjà en poste, le vieux chef refuse de prendre en compte son premier mandat et considère qu’il peut encore régner jusqu’à 90 ans. Le temps d’assurer la succession pour son fils Karim, aujourd’hui âgé de 43 ans ? C’est ce que soupçonnent beaucoup de Sénégalais qui reprochent autant au Président sa gestion clanique du pouvoir que la misère dans laquelle s’enfonce le pays.
Courtisans. En 2000, Wade était pourtant l'incarnation du changement : ce «sopi» qui lui avait servi de slogan pendant sa campagne pour battre Abdou Diouf, l'ex-Premier ministre et donc l'héritier du père de l'indépendance, Léopold Sédar Senghor. Wade prétendait renverser un système, il en créera un autre centré sur sa famille, et sur des ministres courtisans dont les allégeances et les disgrâces vont rythmer la vie politi