«Bonne année… 1984 !» clamait la pancarte d'un manifestant se référant au livre de George Orwell. Ils étaient des dizaines de milliers, lundi, à s'être rassemblés devant l'Opéra. A l'intérieur du bâtiment, protégés du peuple par un cordon policier, Viktor Orbán et son gouvernement fêtaient l'entrée en vigueur de la nouvelle Constitution. A l'extérieur, les protestataires scandaient : «Rendez-nous notre république !» Car, dans cette Constitution toute neuve, le paragraphe «La Hongrie est une république» a été rayé, et il n'y a plus aucune institution indépendante susceptible de contrôler l'exécutif.
«Dehors». En un an et demi, fort de sa victoire électorale de 2010 - 52% des voix et 2/3 des sièges au Parlement - Orbán a fait voter plus de 200 lois (lire page 4), pour la plupart rétroactives et liberticides, afin de verrouiller son pouvoir. La structure d'un régime autoritaire est née. Lui, l'ancien étudiant rebelle qui avait fait la une des journaux le 16 juin 1989 en s'écriant «Dehors, les Russes !», semble aujourd'hui lassé de la démocratie. «Avec un peu de chance, les quinze années à venir ne seront plus caractérisées par le combat entre deux forces politiques [droite et gauche, ndlr] qui génère des querelles triviales, disait Orbán, en septembre 2009. Une force politique centrale est en train de naître, et c'est par elle, et non par de constants débats, que seront définies les grandes causes nationa