Il fut un temps de plomb, pas si lointain, où un dictateur hongrois avait donné un nom à une pratique politique restée célèbre dans l’histoire du communisme, la «tactique du salami» : semaine après semaine, le stalinien Mátyás Rákosi s’en prenait aux libertés démocratiques nées de l’après-guerre comme on découpe un vulgaire saucisson, tranche après tranche, jusqu’à régner sans partage. Il y a fort à parier que son lointain successeur, le populiste ultra Viktor Orbán, issu des rangs de la dissidence, récuserait une filiation aussi infamante. Et pourtant, ce Premier ministre hongrois découpe lui aussi, depuis des mois, chacun des grands principes qui fondent une démocratie : entrave caractérisée à la liberté de la presse, violation de l’indépendance de la justice, noyautage de l’Etat et, depuis lundi, mise en œuvre d’une Constitution à caractère totalitaire… A Budapest, les figures héroïques de la dissidence sonnent à nouveau l’alarme dans la rue. Mais que dit, ou plutôt que fait l’Union européenne ? Elle ergote, ratiocine, tergiverse, louvoie, au point d’accréditer l’idée fâcheuse que, dans cette communauté des 27, il en coûte plus de transgresser les règles de la bonne gestion que d’enfreindre celles d’une bonne démocratie. On punit la Grèce mais on ferme les yeux sur la Hongrie. Cette complaisance coupable vaut pour la Commission comme pour le Parlement européen : les élus de l’UMP ou la CDU allemande qui siègent au sein du même groupe parlementaire que les amis d’Orbán n’o
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