Seule une pop star pouvait se permettre d'annoncer sa candidature à l'élection présidentielle à l'heure où l'on se prépare pour sortir danser. C'est donc vers 22 h 30, lundi soir, que Youssou Ndour est entré officiellement dans le combat politique. En direct sur sa propre chaîne de télé, vêtu d'une sobre tunique beige, le visage orné de petites lunettes qui le faisaient paraître soudain plus vieux, «You», comme l'appellent ses fans, a expliqué qu'il avait cédé à de multiples pressions pour accomplir «le devoir patriotique suprême, le meilleur des dons de soi» : diriger son pays, dans lequel il a investi toute sa fortune, n'a-t-il pas manqué de rappeler. Le discours, un peu figé, n'avait rien de très affriolant et l'annonce de sa candidature n'est pas non plus une réelle surprise. En novembre déjà, le célèbre chanteur avait décidé de mettre sa carrière musicale entre parenthèses pour se consacrer au mouvement civique qu'il venait de créer : «Fekke ma ci Bollé», «Je suis là, donc j'en fais partie» en wolof.
Griots. Reste que l'arrivée sur la scène politique de la plus grande star vivante du pays constitue une menace sérieuse pour le président Abdoulaye Wade dont la candidature à un troisième mandat, à 85 ans, est largement contestée. Contrairement au Président, Youssou Ndour bénéficie d'une popularité intacte, qu'Il a su entretenir avec le talent d'un vrai businessman. Car si son étoile a pu sembler pâlir en Occident, le roi du «mbala