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Libération
Reportage

A Kasserine, on fait «carrière dans le chômage»

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Un an après la révolution, cette ville symbole du soulèvement tunisien et fortement touchée par la crise s’impatiente face au statu quo économique.
publié le 6 janvier 2012 à 0h00

Assise dans la cour de la direction de l'éducation à Kasserine, Khadouja Kortli rédige un fax destiné au ministre des Affaires sociales, «pour lui dire que nous attendons un changement, un soutien, une attention, n'importe quoi». Avec 17 chômeurs diplômés, elle campe là depuis le 13 septembre. Les murs sont recouverts de coupures de journaux, de proverbes, de slogans. «Bientôt, dans les souks du pays, un million de chômeurs, 100% tunisiens», professe l'un d'eux. Le dernier décompte parle de 700 000 demandeurs d'emploi. Un chiffre qui ne cesse de grossir depuis la révolution : le taux de chômage est passé de 14% à 20%.

Le travail était pourtant la principale attente dans cette région déshéritée de l'intérieur où, lors des premières élections libres, en octobre, les islamistes d'Ennahda sont arrivés largement en tête, comme partout, obtenant 3 des 8 sièges en lice. «Mais l'emploi passe avant les revendications politiques», rappelle un des nombreux tags qui émaillent les murs de la ville. Un an après son soulèvement, Kasserine s'impatiente de récolter le fruit de ses sacrifices : 21 morts et 400 blessés en quelques jours, début janvier 2011. Avec sa voisine Thala, la ville rebelle a été le théâtre d'une répression violente. «C'était ici la révolution», rappelle Hocem, attablé au café de la «place des martyrs», à l'entrée de la cité el-Zouhour. Les jeunes de ce quartier populaire, qui ont bâti là un monument en hommage aux morts, montrent encor