Un an après l'enlèvement à Niamey par des membres d'Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) d'Antoine de Léocour et de Vincent Delory, les familles des deux jeunes hommes de 25 ans ne connaissent toujours pas avec précision les circonstances de leurs morts. Une étape vient pourtant d'être franchie dans l'enquête. L'audition fin novembre par la justice d'un combattant mauritanien d'Aqmi, que Libération a pu consulter, jette un nouvel éclairage sur ces événements tragiques. Entendu à Nouakchott (Mauritanie) le 30 novembre par le juge d'instruction du pôle antiterroriste de Paris Yves Jannier, chargé de l'enquête pour «enlèvement et séquestration suivis de la mort», et par un magistrat mauritanien, le jeune Mohamed al-Amine ould Mouhamedou ould M'Balle - alias «Mouawiya» (lire page 5) -, membre de la même katiba («brigade») que les ravisseurs, raconte la prise d'otage de leur point de vue. Il rapporte le récit détaillé des combattants à leur retour, quelques heures après la tragédie.
Planifiée. Le jeune homme de 22 ans, arrêté en février 2011 alors qu'il s'apprêtait à attaquer l'ambassade de France à Nouakchott, donne aussi la version des militants islamistes sur l'intervention du Commandement des opérations spéciales françaises venus libérer les otages. Une intervention très critiquée, car soupçonnée d'avoir précipité, sinon provoqué, la mort des deux Français.
Mouawiya confirme d'emblée aux magistrats que la prise d'otage était planifiée