La guerre en Libye, où ils ont agi de manière décisive tout en demeurant au second plan, le laissait pressentir. Cette fois, c'est fait : en annonçant leur volonté de réduire sensiblement la présence de leurs troupes sur le Vieux Continent (80 000 hommes aujourd'hui, essentiellement en Allemagne et en Grande-Bretagne), les Américains mettent leurs alliés européens au pied du mur. «Leur discours est clair : à vous de prendre en main la sécurité sur votre continent, analyse l'expert Luc Viellard, de la Compagnie européenne d'intelligence stratégique. Mais ils veulent pouvoir compter et s'appuyer sur un partenaire autonome.» Et c'est bien là tout le problème : les Européens sont-ils capables d'assumer ce rôle ? Et en ont-ils seulement la volonté ?
On peut en douter, au vu de la baisse constante des budgets alloués à la défense par les membres de l'Union européenne. Selon les chiffres donnés récemment par l'Agence européenne de défense, ses 26 membres - l'UE moins le Danemark - avaient dépensé 1,7% de leur PIB en 2006 pour le secteur. En 2010, ce pourcentage est tombé à 1,61%. Paris et Londres représentent à eux deux la moitié de l'ensemble. Nombre de leurs partenaires ont de facto sacrifié leur effort de défense.
A distance. Or, comme l'a montré le récent conflit en Libye, les deux premières nations militaires du continent ne peuvent pas se passer de la puissance américaine. S'ils ont laissé la France et la Grande-Bretagne assumer l'ess