Le soldat est armé d'un lance-flammes. Il vise d'abord au-dessus de la tête puis son arme descend : les soldats allemands brûlent vivante Romy Schneider sous l'œil de son mari, Philippe Noiret, après avoir massacré un petit village français. Scènes de viol. Nous sommes sur la troisième chaîne qui diffuse le Vieux Fusil de Robert Enrico. Sur la 2, à la même heure, l'équipe de France invitée par Jacques Chancel évoque le match France-Allemagne : «Ce jour-là, à Madrid on aurait pu les tuer !» On se souvient que le gardien de but Schumacher - célèbre pour avoir cogné Battiston - s'est fait huer aux cris de «SS ! SS !» quand il est venu en France. C'était donc la soirée télévisée du lundi 17 janvier 1983. Quatre jours avant l'anniversaire de la «réconciliation» franco-allemande, ça commence mal.
Sur la première chaîne, par contre, on voit de «bons» Américains, les Douze Hommes en colère.
Qui pense encore «sales boches !» en face d'Allemands ? «Plus personne», dit-on. Du moins à voix haute. Les études de l'Office franco-allemand pour la Jeunesse (créé à l'issue du traité) indiquent pourtant le contraire. Pour avoir interrogé 11 237 élèves de 9 à 21 ans, en 1979, elles montrent que l'Allemagne, c'est encore le passé. Aurait-on formulé la question différemment, au lieu de demander ce qui vient à l'esprit «quand j'entends le mot "Allemagne"» si on avait parlé de RFA, les réponses auraient certainement été différent