Pendant cinq jours, du 17 décembre au soir au 22 décembre, la fournaise a embrasé planchers, poutres et toitures avant de consumer lentement le fonds de l'Institut d'Egyptecréé par Napoléon Bonaparte en 1798, fort de 200 000 livres et revues, à l'angle des rues Cheick-Rihan et Kasr-Eleini, à 250 mètres des manifestations de la place Tahrir. Durant cinq jours, les pompiers de la caserne qui fait face à l'Institut ont vainement tenté de circonscrire le feu«mais de temps à autre arrosaient les volontaires pour les disperser», raconte Hicham Ezzat, trentenaire Franco-Egyptien, ancien étudiant en archéologie à l'université de Poitiers et membre de l'un des collectifs de la place Tahrir. «Les livres qu'on sortait à mains nues, à pleines poignées, s'enflammaient au contact de l'air,dit-il. Aucune aide des forces de l'ordre : pire, ils nous ont jeté des pierres du haut du ministère de l'Intérieur, presque mitoyen de l'Institut. Il y a eu aussi des tirs d'armes automatiques pour effrayer les volontaires. Les livres extraits des braises étaient jetés sur le trottoir. De là, chacun se débrouillait pour les faire porter aux Archives avant qu'elles-mêmes, débordées, mettent sur pied un système de navettes pour accélérer l'acheminement, tout cela sous les lances à incendie qui nous poursuivaient.»
Hicham Ezzat ne se souvient pas précisément des livres sauvés «mais d'un bouquin de Théophile Gautier et aussi d'un dictionnaire latin-hébreu». Il a également