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Libération
Reportage

En Malaisie, Anwar Ibrahim absous du «crime de sodomie»

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Le principal opposant au régime, qui risquait vingt ans de prison, avait été accusé après les bons résultats électoraux obtenus par sa coalition en 2008.
publié le 10 janvier 2012 à 0h00

Anwar Ibrahim s’était résigné au pire : être de nouveau envoyé en prison après une condamnation pour sodomie, considérée comme un crime passible d’un maximum de vingt ans de réclusion dans ce pays ultramoderne sous certains aspects et terriblement rétrograde sous d’autres qu’est la Malaisie.

Le verdict d’acquittement, prononcé hier matin à la surprise générale par la Haute Cour de Kuala Lumpur, n’en a été que plus savoureux pour le chef de l’opposition, ses proches et ses partisans. Immédiatement après le jugement, des centaines de sympathisants rassemblés devant le tribunal ont poussé des cris de victoire alors que la femme d’Ibrahim, Wan Azizah Wan Ismail, pleurait et que sa fille, Nurul Izza, elle-même députée, pianotait sur son téléphone portable pour diffuser la nouvelle.

Après avoir remercié ses proches et ses avocats, Ibrahim, âgé de 64 ans, a indiqué que l'opposition allait pouvoir «continuer la lutte pour les réformes, contre la corruption et pour la liberté de la presse». Les trois petites bombes qui ont explosé près du tribunal, faisant au moins deux blessés, ont à peine interrompu l'euphorie.

Guignolesque. Ce jugement met un terme à une étrange saga politique, comme l'on n'en voit que dans cet archipel ethniquement divisé et dominé par une population malaise rurale et religieusement conservatrice. En 1999, alors qu'Ibrahim était entré en dissidence ouverte avec son ancien mentor, le Premier ministre d'alors, Mahathir Mohamad, il avait été a