Il n’a échappé à personne que les Italiens ont changé de gouvernement en 2011. L’arrivée au pouvoir d’une cohorte d’experts au visage grave fut même interprétée comme le retour d’une autre Italie, dignement unie contre l’adversité. On sait moins qu’en 2011 nos voisins ont commémoré les 150 ans de leur unité. Or, malgré leur différence de nature, les deux événements ne sont pas sans rapport. Au cœur des deux situations, le premier rôle est joué par le chef de l’Etat, Giorgio Napolitano, devenu le héros médiatique et politique consensuel des Italiens.
Alors que l'année des célébrations n'est pas encore achevée, le président de la République a choisi de publier certaines de ses allocutions du cent cinquantième anniversaire de la naissance de l'Etat unifié et indépendant (1). Qu'un chef d'Etat s'affirme, au gré d'une grande commémoration, comme le détenteur légitime de valeurs communes n'a en soi rien d'original : François Mitterrand avait célébré le bicentenaire de la Révolution française, se prononçant contre les «peuples sans mémoire» dans son grand discours de juin 1989. Mais qu'un président multiplie aussi systématiquement des interventions longues et méditées et qu'il prenne le soin de réunir une anthologie de discours, présentés avec des titres nouveaux comme autant de chapitres d'un même ouvrage, voilà qui est moins commun. Ce livre, intitulé Une et indivisible en référence à l'article 5 de la Constitution italienne, confirme le magistère d'un homme poli